Exploratology est une box de lecture qui se décline en plusieurs formules: Galopins (pour les ados), Lapinous (pour les enfants) et, pour les adultes: « plaisir de lecture » (qui propose un livre par mois) et « bonheur de lecture » (qui en propose deux). C’est cette dernièère que je teste ici. En plus du livre, le lecteur reçoit des goodies: papeterie, thé, surprises de créateurs. La box « Bonheur de lecture » du mois de juillet contient les produits suivants: le livre du mois: Dites-leur que je suis un homme d’Ernest James Gaines le deuxième livre du mois (formule « bonheur de lecture »): L’authentique Pearline Portious de Kei Miller la gourmandise du mois: barre de céréale « Delicious Ella » le thé du mois: thé vert touareg à la menthe « Terre d’Oc » la surprise du mois: un sous-verre Exploratology carte de la créatrice Cynthia d’Artstudio Le concept Puisque c’est la première fois que je teste la box, je souhaite m’attarder un peu sur le concept. Il existe en effet d’autres box de livres, mais qui fonctionnent différemment: on indique ses préférences de lecture, et un libraire sélectionne un livre en accord avec elles. Ici, c’est différent: Marjorie, la fondatrice, sélectionne elle-même les livres. Comme elle l’explique très bien sur le site de la box, elle essaye de diversifier les genres et de proposer des livres « qui sont passés sous le radar médiatique ». Cela me renvoie quelques années en arrière, quand des amis et moi nous retrouvions dans le cadre de notre club lecture mensuel: Marjorie, c’est un peu la bonne copine lectrice qui va nous emmener loin des têtes de gondole des librairies et de notre zone de confort littéraire. Je suis curieuse et l’idée me plait. Découvrons maintenant le contenu de cette box de juillet. Le livre du mois: Dites-leur que je suis un homme d’Ernest James Gaines, ed. Liana Levi J’évoquais quelques lignes plus haut le fait de sortir de sa zone de confort littéraire: avec ce premier roman, je suis servie! En effet, je connais mal la littérature afro-américaine et pas du tout l’écrivain Ernest J. Gaines, dont la mort, en 2019, en passée inaperçue. Né en 1933 dans une plantation de Louisiane, l’auteur s’est notamment illustré à travers le roman que je tiens en main, paru en 1993 et qui s’est vu décerner le National Book Critics Circle Award. L’action de Dites-leur que je suis un homme se passe en Louisiane, à la fin des années 40. Jefferson, un jeune homme noir, se trouve par hasard sur une scène de crime; jugé par douze hommes blancs, il est condamné à mort; scène de vie malheureusement banale à cette époque. La défense de son avocat (blanc) est déroutante: il prétend que Jefferson n’est pas assez intelligent pour pouvoir commettre un crime. Et il conclue ainsi sa plaidoierie: « Supposons qu’il ne soit pas [innocent]. Supposons-le un instant. Quelle justice y aurait-il à prendre sa vie? Quelle justice, messieurs? Enfin, autant placer un porc sur la chaise électrique! ». Ce sont ces mots qui conduisent la marraine de Jefferson à demander au narrateur, l’instituteur du village Grant Wiggins, de faire de son filleul un homme… Dites-leur que je suis un homme, c’est donc l’histoire de ce condamné abasourdi et terrifié par sa fin prochaine, qui porte un regard amer sur sa vie si courte et, à ses yeux, si vaine. Mais c’est également l’histoire de Grant, de ses envies d’émancipation et de son attachement aux siens, du sentiment d’inutilité qui l’habite, de sa révolte sourde et de son impuissance face aux petits gestes des Blancs qui ne cessent de vouloir le rabaisser. L’écriture est rapide et précise, sans fioriture, à l’instar des relations entre les personnages qui ne s’embarrassent pas de grandes déclarations: l’amour qu’ils éprouvent les uns pour les autres se dessine en filigrane dans des actes, des sacrifices, des plats longuement cuisinés… La fin est à la fois pudique et sublime. Et l’émotion est bien là. Le deuxième livre du mois (abonnement « Bonheur de lecture »): L’authentique Pearline Portious de Kei Miller, éditions Zulma Ce deuxième roman se déroule en Jamaïque, de la moitié du 20° siècle à nos jours. Il retrace la vie d’Adamine Bustamante, une orpheline née dans une léproserie de Spanish Town, devenue ensuite « Crieuse de Vérité »: une prophétesse de la confrérie des Revivalistes, respectée et redoutée. Mais, comme de nombreux Jamaïcains, elle décide de se rendre en Angleterre, espérant y trouver une vie meilleure; elle va malheureusement tomber de haut… Voici mon petit résumé, dont je ne suis pas satisfaite parce qu’il ne rend pas compte de la richesse de l’ouvrage, notamment du point de vue narratif. En effet, ce roman fait se mêler deux voix: celle d’un écrivain et celle d’Adamine. Les deux écritures sont très différentes: celle d’Adamine Bustamante est plus expressive, de nombreux mots créoles (traduits) sont utilisés. Adamine elle-même se moque de celui qu’elle appelle « Monsieur Gratte-Papyè« , lui reproche ses arrangements avec la vérité, son impatience face aux détours qu’elle s’autorise avec le récit: « Pètèt que des fois, faut tordre l’histoire pour la raconter, faut la raconter en prenant chemins-traverse. Paske la dire rèk-drèt ça signifierait sèlman qu’elle va rèk-drèt dans les oreilles de ceux qui doivent l’entendre (…). Des fois, il faut raconter une histoire comme on rêve un rêve. Et tout le monde sait que les rêves, ça marche pas drèt ». On se laisse prendre à ces procédés d’écriture surprenants, qui emmènent parfois le lecteur sur de fausses pistes – à l’instar du titre, qui évoque un personnage qui ne sera pourtant pas au cœur du récit, finalement – mais aussi de l’histoire elle-même, parfois très drôle, souvent émouvante, construite de façon solide et singulière. Je me suis laissée emporter avec plaisir et suis heureuse d’avoir découvert ce jeune auteur, dont je suis pressée d’acheter son deuxième roman paru en français, By the rivers of Babylon. La surprise du mois: un sous-verre Exploratology nous propose un sous-verre très coloré, pour nos boissons chaudes… ou glacées! La gourmandise du mois: barre de céréales – Deliciously Ella Ce mois-ci, Exploratology nous propose une barre de céréales aux flocons d’avoine, abricot et noix de coco. La marque a été fondée par une anglaise, Ella Mills, qui a été affectée par une maladie grave il y a quelques années, laquelle a notamment perturbé son système digestif. C’est à la suite de cet événement qu’elle a décidé de revoir son mode de vie et de manger plus sainement. Elle a, depuis, créé la marque Deliciously Ella, écrit des livres de cuisine et propose des en-cas pour le petit-déjeuner et le goûter. La deuxième gourmandise du mois (abonnement « Bonheur de lecture »): Pretzels salés – Eléphant qrf Pour l’apéro, nous avons droit à une gourmandise salée: des Bretzels plus légers que les traditionnels. Leur forme toute ronde est originale! La créatrice du mois: Cynthia d’Artstudio Cynthia Artstudio est une artiste qui propose des illustrations pour des entreprises: bannières web, couvertures de livres, cartes, carnets… Réalisées à la tablette graphique, ses illustrations sont à la fois colorées et anguleuses. La carte qu’elle propose pour Exploratology est tout à fait en accord avec le thème du mois. La coiffure afro de la femme représentée sur la carte, lutte identitaire forte de la communauté afro-américaine dans les années 50-60, est ici mise en valeur et magnifiée. Les thés du mois Les thés du mois nous sont proposés par Terre d’Oc. Il s’agit d’un thé vert à la menthe, d’un thé noir à la cannelle et d’un thé noir saveur « caramel beurre salé » Fascicule de présentation Enfin, nous retrouvons un fascicule de présentation, commun à toutes les box. Dans ce fascicule, la fondatrice nous propose une petite analyse des livres sélectionnés et donne son point de vue personnel. Je trouve que ce fascicule commun est une bonne idée: il permet de connaître le contenu des autres formules et nous donner envie…